La vérité sur Martin et Martine par Daniel Schneidermann + la légende , la chanson et la "vérité"

Publié le par GH

Tordons le cou aux rumeurs.

 

Selon les investigateurs du Monde, les vils propagateurs de rumeurs anti-Aubry ne seraient pas à chercher du côté de l'UMP, mais plutôt de la fachosphère, voire même, sacrilège, de quelques socialistes lillois. C'est possible.

 

Cela ne retire rien à la perfidie de Nicolas Sarkozy, à l'origine de l'affaire "Martin et Martine". Faisant allusion au couple Aubry-Brochen, Sarkozy les aurait comparés à "Martin et Martine".

 

Or, a précisé la candidate le week-end dernier, "Martin et Martine, c'est une légende dans le Nord, Martin et Martine sont des géants d'Arras et Martin est un musulman qui s'appelle Hakim et qui doit se marier avec Martine". L'allusion présidentielle aux penchants intégristes de Jean-Louis Brochen serait ainsi transparente.


Martin et Martine

Suivant la piste de cette affaire, mon estimé confrère et ami de Rue89, Pascal Riché, apporte quelques précisions supplémentaires: "l'entourage de Martine Aubry a entretemps enquêté sur le sujet. Pourquoi «Martine et Martin»? Un conseiller d'Aubry a trouvé l'origine et l'a rapportée à celle-ci qui a été choquée de découvrir le sous-entendu présidentiel: «Martin et Martine» sont les deux jacquemarts de l'hôtel de Ville de Cambrai. Or, selon une légende du Nord, Martine était une catholique secrètement amoureuse d'un Maure, Hakim. Un musulman arrivé avec l'armée de Charles Quint. Lorsque leur amour interdit fut découvert, ils furent condamnés à sonner la cloche de la tour de l'horloge avec un marteau. Jusqu'à ce que Hakim se convertisse au christianisme et prenne le nom de Martin".

 

Cette version, déjà plus complète, est néanmoins encore lacunaire. Je constate avec regret que Rue89 sacrifie ainsi à la simplification en vogue dans les anciens médias. La version complète, retrouvée par @si au prix d'une longue enquête dans la chtiosphère, fait intervenir un personnage décisif, malencontreusement gommé par les transcriptions ultérieures: un vieux prêtre, qui aurait contribué au salut des amoureux, en les remplaçant dans leur corvée de cloches justement par les jacquemarts. C'est dans un grand élan de gratitude spontanée, que Hakim se serait immédiatement converti. On comprend que la Première secrétaire en congé de ses fonctions, ardente combattante de la laïcité, ait expurgé de son récit la perverse intervention de l'ecclésiastique, qui rappelle les pires heures des conversions forcées. Encore que les choses sont peut-être plus complexes encore. Selon d'autres infâmes rumeurs, auxquelles la houblonosphère de l'UMP ne serait pas étrangère, ce ne serait pas un prêtre, mais Cambrinus, roi de la bière, et fondateur de Cambrai, qui aurait sauvé Martin et Martine. L'arrière-pensée de cette rumeur-là n'échappera à personne, pas davantage que les mobiles de Sarkozy à sa propagation. On ne doute pas que les netscouades, et autres brigades de sauvegarde de la e-réputation, auront à coeur de nettoyer le web de ces rumeurs écoeurantes.

 

Source : http://www.arretsurimages.net


 

Une des versions : selon http://asso.nordnet.fr/arpac/bonus/contes/martin%20martine.htm


Leur histoire daterait de l'époque où des Maures installés en Espagne auraient suivi Charles Quint venu mater une révolte des Brugeois.


L'un d'eux, Hakem s'était fixé à Cambrai. Il avait pour voisine une jolie Flamande prénommée Martine.

 

Le musulman et la chrétienne constatèrent un jour qu'ils s'aimaient, mais que leur union était impossible puisqu'ils ne voulaient ni l'un, ni l'autre abjurer leur religion. L'opinion publique s'émut de ces relations coupables et Hakem et Martine furent arrêtés et condamnés à être enfermés dans la tour de l'horloge où ils devaient, armés d'un lourd marteau et sous la menace du fouet, sonner les heures jour et nuit.

 

Sur l'intervention d'un vieux prêtre, ému par leur sort, le tribunal accepta de les libérer le jour où le prêtre aurait trouvé deux Maures pour les remplacer. Le prêtre se mis au travail et l'on vit un jour deux automates vêtus à l'orientale prendre la place des sonneurs et donner l'heure avec une précision étonnante. Fou de joie, Hakem se convertit sur le champ et reçu au baptême le nom de Martin. Tout se termina bien entendu, par un mariage et Martin et Martine eurent beaucoup d'enfants.


 

Bien sûr la chanson de Martin et Martine :

 

La chanson de Martin et Martine
On leur trouvait dans leur jeune âge
Minois joli pour leur couleur.
Mais un jour, sur leur vieux visage,
Le temps marqua toute sa rigueur
Nous sommes tous, les garçons de Martin
Vous êtes toutes les filles de Martine

 
 

Tin, tin, tin, tin
Tine, tine, tine
Nous sommes tous les enfants de Martin.
Je vais vous raconter l'histoire de Martin

Et de sa Marton, oui mes amis,
Il faut en croire tous les couplets de ma chanson.
Toujours perchés sur leur tourelle,
Ils sont dev'nus fort curieux.
Dans un ménage, quand on s'querelle,
Ils s'gardent bien d'fermer les yeux.
Nous sommes tous, les garçons de Martin
Vous êtes toutes les filles de Martine

 
 

Refrain

Et de sa Marton, oui mes amis,
Il faut en croire tous les couplets de ma chanson.
Quand il pleut la journée entière,
Ils disent entre eux avec chagrin :
De l'eau, ça ne nous convient guère,
Nous aimerions mieux du bon vin.
Nous sommes tous, les garçons de Martin
Vous êtes toutes les filles de Martine

 
 

Refrain

Et de sa Marton, oui mes amis,
Il faut en croire tous les couplets de ma chanson.
Martin n'peut pas s'passer de Martine,
Sans elle Martin s'rait malheureux,
Et si Martin quittait Martine,
Martine s'ennuierait encore mieux.
Nous sommes tous, les garçons de Martin
Vous êtes toutes les filles de Martine

 
 

Refrain

Et de sa Marton, oui mes amis,
Il faut en croire tous les couplets de ma chanson.

 

 

 

 

La (une ?) vérité et le beffroi de Cambrai

 

 

A l'origine, la sonnerie n'était pas automatique: pour taper l'heure sur la cloche, on paya un homme, Bégard qui, armé d'un marteau, frappait le nombre de coups correspondant aux divers moments de la journée. Bégard était-il paresseux ou inexact ? Se déplût-il en sa situation, pourtant si élevée? On l'ignore. Toujours est-il que les échevins décidèrent de remplacer le sonneur de chair par deux sonneurs de bronze "qui ne craindraient ni la pluie, ni le vent, ni le vertige, feraient leur besogne avec une régularité mathématique et se montreraient fort peu exigeants sous le rapport des gages".

Ces serviteurs modèles, tels qu'on n'en trouve plus aujourd'hui, furent Martin et Martine. Leur créateur Pierre Van Pulaere, sculpteur originaire de Malines et établi à Cambrai, se fit aider de son fils Félix.



Le charpentier de la ville alla leur choisir, dans le bois de Vaucelles, deux gros troncs de hêtre pour y tailler le modèle des deux futurs sonneurs. Dans ces billes, ils sculptèrent les personnages que l'on reproduisit ensuite en métal. Martin et Martine furent fondus par Anselot Bridel, à l'Hôtel de Ville même, dans une fosse creusée tout exprès sous le hall. Six cents livres de métal et " fin estain ", qu'on était allé acheter à Arras, Bergues et Anvers, furent employées à cette opération. Puis deux autres Cambrésiens, Constantin et Habonde, furent chargés successivement de peindre les deux personnages.



A la fin d'octobre 1512, nos deux personnages étaient hissés au faîte de l'Hôtel de Ville et pour la première fois donnaient aux cambrésiens ébahis, le traditionnel coup de marteau. Ils étaient à peu près tels que nous les avons connus. Le sculpteur en avait fait des Maures probablement à cause du goût du temps pour les choses d'Orient.



La couleur de leurs vêtements seule a varié: les régimes se sont succédés et suivant le moment, leur tunique fut parsemée de fleurs de lys royalistes ou d'abeilles napoléoniennes. Elle porte aujourd'hui l'aigle des armes de la ville. Martin porte un turban avec croissant et plumeau; à sa ceinture pend un cimeterre. Martine s'est coquettement parée d'une paire énorme de boucles d'oreilles de forme ovoïde.



Les guerres, les sièges, les destructions ou reconstructions de l'Hôtel de Ville ne pourront avoir raison de ces jacquemarts (classés au titre des monuments historiques en 1926) qui attendent patiemment pour se mettre en branle que le carillon tinte leur mélodie fétiche " Nous sommes tous les enfants de Martin & Martine ".

Bonjours

 

Publié dans Présidentielle 2012

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